Jérôme Dupeyrat
texte publié dans la revue Superstition suite à l'exposition Insolitus à L'artothèque de Pessac
Julien Zerbone
texte publié à l'occasion de l'exposition Insolitus à L'artothèque de Pessac
Didier Arnaudet
texte publié dans l'édition réalisée à la suite de la résidence à Monflanquin (Pollen)
Isabelle Delamont
texte publié dans l'édition Atelier de la chute
Christophe Kihm
texte publié dans le catalogue de jeunisme 2 par le FRAC Champagne Ardenne
J. Emil Sennewald
texte publié dans le catalogue du 55ème salon de Montrouge
Julien Zerbone
texte publié dans l'édition réalisée à la suite de la résidence à Monflanquin (Pollen)
Entretien avec Nathalie Sécardin
ENTRETIEN ENTRE SYLVAIN BOURGET ET NATHALIE SÉCARDIN À L'OCCASION DE L'EXPOSITION CONTESTS À CHÂTEAUROUX.
NS : Les différentes oeuvres que tu présentes dans la galerie ont pour point de départ des pratiques performatives assez inhabituelles comme : les concours de pizza acrobatique, de powerball, de cup stacking (sculpture à base de gobelets) ou encore des images du livre des records. Qu'est-ce qui t'as poussé à identifier et à explorer toutes ces activités?
SB : Dans mes premiers travaux je travaillais sur des performances assez absurdes, comme enfiler ses chaussettes avec ses pieds ou ranger 3000 cure-dents dans une boite de 150, qui consistaient à rejouer des actes pour tenter de les épuiser. En fait, tout cela ressemblait beaucoup dans la procédure à des actes que j'ai pu observer dans le livre « Guinness des records » à la rubrique exploits insolites. Par exemple, une personne va tenter de battre le record de la douche la plus longue. J'y vois un défi qui parle aussi d'un rapport hygiéniste à la société, du détournement d'un rituel quotidien, etc. En tout cas c'est l'exemple type d'un acte que j'ai envie d'exploiter, qui peut paraître assez absurde et qui détient une charge poétique et un potentiel subversif. J'ai de plus en plus tendance à travailler autour de ces actes qui sont produits naturellement plutôt que d'en inventer.
NS : Peux-tu nous parler de ce temps de recherche documentaire qui constitue une phase importante de ta démarche ? Est-ce que l'on peut te considérer comme un chercheur en exploits insolites ?
SB : Effectivement, je poursuis un travail de collecte de tous ces exploits. Je me renseigne dans les journaux, je consulte régulièrement les dépêches AFP et je regarde beaucoup sur Internet les vidéos, les images qui circulent autour de cette notion d'exploits insolites. Tout ce que je peux collecter, filmer, nourrit ma démarche. Je choisis ensuite de retravailler ces activités qui mettent en place des stratégies d'appropriation, de détournement d'usage.
NS : Finalement, toutes ces pratiques mettent en jeu des stratégies de performances. Mais ce qui est troublant, c'est que ton champ d'investigations est très large. Cela donne un panorama éclectique de nos comportements.
SB : Les pratiques émergentes qui m'intéressent se situent entre le jeu, le sport, par la vidéo, notamment via Youtube, où la même performance vidéo peut se retrouver reproduite par une dizaine de personnes. Je peux citer le powerball qui est au départ un instrument de rééducation pour les ligaments des mains et qui est devenu une sorte de discipline sportive consistant à développer au maximum la force giratoire du powerball, mesurée à l'aide d'un compte tour. Tout cela suit un certain protocole dans l'auto filmage, une mise en scène de l'objet qui se retrouve identique dans des dizaines de vidéos sur le Net.
NS : Puisque tu parles de mise en scène, il serait intéressant d'aborder la façon dont tu t'appropries ces images. Ton parti pris esthétique est très minimal (aplats de couleur, images détourées et isolées dans l'espace) et fait basculer l'image hors de son contexte. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
SB : Pour traduire le potentiel poétique, les interrogations, les contradictions que j'entrevois dans ces exploits et ne pas tomber dans une représentation folklorique de mauvais goût, j'ai tendance à utiliser des moyens plastiques non spectaculaires, où les formats et les formes se réduisent afin de produire des images qui s'extraient de leur flux originel. Aussi, on est obligé de s'approcher des images pour comprendre ce qui s'y passe. L'étrangeté et l'humour inhérents aux situations que je peux traiter m'amènent aussi à essayer de les traduire de manière archétypale, en utilisant des représentations proches du pictogramme. Comme pour désigner nos modèles comportementaux usuels. Enfin, j'ai tendance à isoler des actes afin de montrer ce qui se produit réellement en terme de gestuelle. Les formes produites permettent d'abstraire les choses, mais j'essaye toujours de laisser un élément qui les rattache à leur réalité, le son dans les films d'animation par exemple. De fait, cela me permet de questionner les conditions de leur apparition.
NS : Justement, sur cette façon de tenir les choses à distance, peux-tu nous parler de la série de dessins performer et de la façon dont tu as traité la relation entre le texte et l?image ?
SB : Dans cette série, j'ai sélectionné des énoncés dans le livre « Guiness des records » se rapprochant le plus d'actes quotidiens. Ensuite, comme il n'y avait pas d'images, j'ai joué les saynètes en vidéo pour leur donner une réalité physique. Le le concours entre amis et mêlent de manière assez surprenante des tentatives de construction de disciplines sportives à un amateurisme comique. On peut observer des mimétismes esthétiques par rapport à la performance sportive classique, mais aussi par rapport à la performance artistique des années 60, je pense à Chris Burden, Nauman, Acconci, dans une tradition de l'auto filmage, du plan séquence, du cadre fixe qui existe de manière assez primitive. Ce qui me semble assez intéressant, c'est aussi la dissémination de ces pratiques dessin permet ensuite de schématiser le comportement et de créer une intrigue texte / image NS : Peux-tu nous dire un mot sur tes futurs projets, notamment ta prochaine résidence ?
SB : Prochainement, j'envisage de monter un bureau d'enquêtes sur la performance dans le cadre d'une résidence à l'Appartement à Poitiers.